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Les differentes formes de l’intelligence

Synthèse: les formes de l’intelligence

 

Les sociétés postindustrielles valorisent un certain type d’intelligence logico-verbale; il n’en a pas toujours été ainsi. D’autres formes de performances physiques ou morales ont connu leurs heures de gloire sous les archétypes médiévaux du fidèle et noble chevalier ou du paysan solide et courageux. Aujourd’hui l’Europe et les pays anglo-saxons multiplient les recherches sur la notion d’intelligence et plus précisément les manifestations de cette dernière. Néanmoins des enjeux idéologiques et sociaux engagent les travaux dans des directions fort différentes selon que les postulats qui les animent ressortissent ou non d’une certaine vision de l’homme au-delà de la simple performance mentale. Quelles sont les avancées en matière d’étude et de définition de l’intelligence ou plus précisément des intelligences ? Quelles applications ces recherches pluridisciplinaires envisagent-elles qui remettent en question les catégories classiques des conceptions relatives à l’intelligence de l’animal, l’homme voire la machine?)

Exemple de forme de d’intelligence mathématique avec une séance de calcul mental sur un enfant n’ayant pas forcément de « compliments « de la part de sa maîtresse.

I – Pourquoi une typologie des formes d’intelligence ?

 

L’approfondissement des études menées dans des disciplines aussi différentes que la psychologie, l’éthologie ou les neurosciences a abouti à un fractionnement des sujets d’étude concernant l’intelligence. Seul demeure le vieux débat sur la genèse de l’intelligence avec cependant un modus vivendi concernant les parts respectives de la génétique et de l’environnemental. )

Les approches  psychométriques,  développementales, différentielles et cognitives.

 

L’Approche psychométrique de l’intelligence : le quotient intellectuel se mesure par un test et évalue l’efficience intellectuelle. Créé par A. BINET, français, au début du XXe siècle, dans le cadre de l’instruction publique relativement à l’instruction primaire, ce test était alors destiné à mesurer l’ « intelligence » des enfants dont certains étaient atteints de  « déficience intellectuelle ».

Par suite l’allemand William  Stern établit le premier « Q.I. » défini comme le rapport entre l’âge

Mental et  l’âge réel d’un individu.

L’approche développementale : Le fondateur suisse, Jean PIAGET (1896-1980), au début du XXe siècle définit l’intelligence comme « une forme d’adaptation au réel ». Elle se développe par étape, stades : l’adaptation, inspirée du modèle biologique, se produit à l’aide de deux processus conjugués : l’accommodation ou intégration des contraintes du réel et l’assimilation ou l’interprétation et la transformation de ce même réel.

Suivront Henri WALLON (1879-1962), Arnold GESELL (1880-1961) et notamment Lévy VYGOTSKY (1896-1934), lesquels insistent sur l’aspect social de l’acquisition de l’intelligence, un processus combiné entre développement organique et influence culturelle là où PIAGET insistait sur le caractère  de « processus de maturation individuel » de l’intelligence.

Vygotsky nomme « zone de développement proximale » la distance entre le potentiel latent et les réalisations effectives d’un enfant. Trente-huit ans après avoir lui-même considéré qu’il avait bénéficié d’un bain culturel et familial particulièrement enrichissant, ce dernier auteur fait actuellement l’objet d’une redécouverte de son œuvre en Europe et aux U.S.A.

 

L’approche différentielle : initiée par le Britannique C. SPEARMAN (1863-1945), elle s’oppose à l’unicité de l’intelligence considérée uniquement sous l’angle scolaire et envisage différents types d’intelligence d’un usage complexe et délicat. Deux grands représentants actuels se partagent la scène :

 

Harvard GARDNER lance la théorie des Intelligences multiples, qu’il répartit en 7 catégories : linguistique; logico-mathématique; spatiale ; musicale; corporelle- kinesthésique ; interpersonnelle ; intrapersonnelle.

 

Le psychologue Robert J.STERNBERG (Uni. de Yale) propose la théorie triarchique de l’intelligence qui selon lui, se distingue des tests de Q.I., lesquels donnent une idée trop incomplète de l’intelligence. En effet, dit-il, « il ne faut pas confondre le niveau réel de l’intelligence avec les moyens de la mesurer ». Par ailleurs, ajoute-t-il, une personne peut avoir une habileté sans pour cela l’utiliser ; en outre les habiletés diffèrent de celles mesurées par les tests conventionnels. Le travail expérimental va donc au-delà des tests et envisage trois composantes de l’intelligence: La faculté d’analyse, de type scolaire, l’esprit de synthèse créative et synthétique, les capacités pratiques compréhensives et relationnelles. La théorie triarchique de l’intelligence comprend une partie « contextuelle » qui prend en compte le relativisme socioculturel à l’égard de « ce qui est considéré comme intelligent »(quels comportements?);une partie « expérientielle » qui met en relation l’intelligence avec l’expérience de l’individu (quand un comportement est-il intelligent ?);enfin une partie « componentielle » qui explique comment les comportements  sont générés par les mécanismes mentaux qui les sous-tendent. Par ailleurs il existe des  » métacomposantes » qui pilotent les composantes d’exécution et d’acquisition, lesquelles agissent sur les premières en retour.

 

L’approche cognitive : cette dernière se détourne des questions traditionnelles  (mesure, formes, inné/acquis..) pour se référer au modèle de l’ordinateur comme paradigme de la vision « universaliste » de l’intelligence tournée vers la résolution de problèmes

L’intelligence humaine y est étudiée par le truchement de l’Intelligence artificielle. La question de la genèse de l’intelligence -l’inné et l’acquis – demeure au cœur des débats. Le constat traverse toutes les études, chercheurs et pays confondus : nous sommes plus intelligents que nos parents; les petits-enfants sont « surdoués » par rapport à leurs grands-parents. C’est « l’effet FLYNN » du nom du chercheur qui a travaillé les rapports petits-enfants/ grands – parents. Les causes de ce phénomène ne sont pas connues à ce jour, selon Ulric NEISSER, psychologue de l’université Cornell aux U.S.A.

 

Quelques hypothèses avancées : la scolarisation; l’accroissement du poids et de la taille du cerveau; une meilleure alimentation, gage d’une santé mentale accrue.

Querelle de l’héritabilité de l’intelligence : l’intelligence comme « compétence mentale innée »  a été contestée aux U.S.A. dès 1922 par W. LIPP contre L.TERMAN et R. YERKES, promoteurs de l’inné; d’ailleurs dans les années 40, Cyril BURT à travers ses travaux sur les jumeaux soutient que  » l’intelligence est héréditaire à 80 % ». Les trucages de sa théorie ne seront découverts que bien plus tard, après que le Britannique Hans  J. EYSENCK se soit appuyé sur cette même théorie dans les années 60-70.En1994, « The BELL CURVE » relance la polémique : Les auteurs américains de « la courbe en cloche » MURRAY et Richard HERRNSTEIN tentent de démontrer que « l’intelligence des Noirs est inférieure de 15 points à celle des Blancs. C’est -disent- ils -l’influence héréditaire qui cause la position sociale et non la fortune ou le milieu de naissance ».

 

Cette thèse n’est pas reconnue par la communauté des chercheurs. Très controversée dans le monde de la recherche, elle nie l' »affirmative action » selon R. Stenberg (« l’intelligence au-delà. »..). et confond gravement « causalité » et « occurrences ».

À ce jour, la synthèse de centaine de recherches menées sur l’héritabilité fait état d’une fourchette allant de 47 à 58 %  concernant l’inné de l’intelligence. L’influence sociale s’avère indéniable. Il existerait même des différences entre les pays : ainsi le Q.I des jeunes asiatiques serait supérieur au Q.I. des Américains (« l’intelligence, de quoi parle-t-on ? » J.F. Dortier).De même l’intelligence, le Q.I. des pays industrialisés, augmenterait .quoi qu’il en soit, les débats méthodologiques se font sur « ce que l’on mesure ».

 

Un constat cependant : l’acquis peut s’améliorer, notamment par certains entraînements et « remédiation cognitive » du genre de celle du P.E.I. (programme d’enrichissement instrumental) préconisé par FEUERSTEIN. ) Comment s’organisent-elles ?   

 

II- Comment s’organisent ces formes d’intelligence?

 

Chez l’animal

Invertébrés : les mollusques, calamars et autres poulpes. A. PROCHIANTZ (cf. »Les anatomies de la pensée » et l’article « du calamar à Einstein ») s’interroge sur les capacités cognitives des calamars. Ces derniers semblent penser à l’occasion de diverses stratégies de fuite (jets d’encre etc.); la pieuvre (poulpe) et autres mollusques céphalopodes possèdent  certains dons d’apprentissage et de facultés de catégorisations (formes, couleurs, volumes.) qui leur permet de distinguer et reconnaître une boule rouge parmi deux boules (une rouge, une noire); ceci par la « méthode des renforcements » qui consiste à récompenser une bonne réponse et punir une mauvaise réponse par choc électrique. La pieuvre est également accessible à l’observation et à la reconnaissance de l’apprentissage réalisé par un autre  congénère. La pieuvre fait preuve d’intelligence : elle s’avère capable d’effectuer un détour pour atteindre de la nourriture isolée derrière une vitre. le poulpe possède en effet un cerveau de 5oo millions de neurones « géants ». Quant aux Primates : les chimpanzés et autres singes, ils font également preuve de capacités cognitives plus ou moins élaborées.

 

Il en est de même chez d’autres vertébrés évolués : insectes, oiseaux relativement au chant, à la nourriture). L’animal n’est pas mû par ses seuls instincts ; l’apprentissage est un phénomène universel ; c’est ainsi que certains animaux sont doués de capacités logiques et de mathématiques élémentaires (calcul, reconnaissance de formes géométriques).KHÖLER, au début du XXème siècle, fut l’un des premiers psychologues à étudier l’intelligence animale et notamment le chimpanzé « Sultan » au zoo du Ténériffe. La Primatologue Jane GOODALL a démontré chez certains singes la faculté de fabriquer des outils à partir de brindilles de bois etc. Le philosophe anglais John LOCKE prétendait que « les animaux n’abstraient point » .On le voit, le changement s’avère à la fois épistémologique et paradigmatique.

Aujourd’hui les recherches sur l’animal montrent qu’ils savent utiliser un symbole, désigner un objet, classer les symboles en catégories plus générales etc. A cet effet et depuis les années 1980 s’est développée une véritable  » Ethologie cognitive ».

Mr GRIFFIN va même jusqu’à parler d’étudier la « pensée », la « conscience », les « états mentaux » des animaux .Emile MENZEL quant à lui a montré l’existence d’une véritable représentation mentale chez le singe qui est non seulement doté de pensées, d’intentions mais qui, par ailleurs, se révèle capable de savoir que les autres singes possèdent également des intentions. A ce sujet,  Hanz KIMMER, professeur d’éthologie a observé les « supercheries d’une femelle chimpanzé qui s’accouple avec un jeune mâle, derrière un rocher, à l’insu du vieux mâle dominant ».

 

Chez l’être humain : on établit des éléments de comparaison, différences, ressemblances entre l’intelligence animale et celle des bébés.

Le bébé : la plupart des recherches montrent aujourd’hui que le bébé « n’est pas un incapable » (« la pensée des calamars.. »): il est compétent, actif, explorateur; très tôt, il perçoit, apprend, communique, raisonne. Il dispose d’une » physique intuitive » du monde ainsi qu’en témoignent les travaux avec des bébés de 3 à 5 mois sur la gravité. Il calcule dès 4, 5 mois et a une perception intuitive des nombres .Il est également logicien : raisonne et catégorise; étudiant, il apprend sans relâche, explore son environnement; psychologue, il prête des intentions et analyse les conduites d’autrui. En bref le bébé est intelligent. et pour certains chercheurs, arrive au monde « fin prêt ».

 

Selon J MELHER et E. DUPOUX « on naît humain, on ne le devient pas. Le « bébé possède des pensées primitives tout comme l’animal; quelles sont ses limites et capacités d’évolution ?

Les stades piagétiens en pensée « sensori-motrice » et « symbolique » ne sont plus à l’ordre du jour car il existe des formes élémentaires  de symbolisation. Le psychologue J. BUNNER (U.S.A.) distingue deux systèmes de représentations : l’un « énactif », relatif à l’acte; l’autre  « iconique », lié à l’image, et qui apparaissent vers un an, précédant ainsi la représentation symbolique laquelle se manifeste vers deux ans. Tous ces processus cognitifs  sont apparentés aux capacités du langage et font accéder l’enfant à la culture.

Les études animal/humain ont montré que :

– le bébé dispose de capacités plus précoces qu’on ne le pensait- Les frontières entre pensée pré – réflexive et une pensée symbolique ne sont plus pertinentes. Les recherches de Piaget nécessitent un réajustement : pour lui le bébé jusqu’à un an et demi  faisait preuve d’intelligence sensori-motrice, essentiellement tournée vers le concret, le présent.

-vers 18 mois/ 2 ans les fonctions symboliques et représentatives apparaissent: l’enfant parle et produit des images mentales. –  – l’enfant : Pour Piaget, l’enfant entre 7 et 11 ans passe au stade des opérations concrètes de raisonnement sur des poids, des volumes, des formes.

– vers 11 et 15 ans enfin, il accède aux opérations formelles  et devient capable de déductions abstraites tout comme l’adulte.

 

Aux capacités cognitives et développementales de l’être humain, Annette KARMILOFF-SMITH préfère- quant à elle- parler de  « connaissances » plutôt que de « pensée ». Le développement cognitif résulte d’un double processus de spécialisation et d’abstraction nommé  « modularisation ». A la question « d’où viennent nos connaissances et comment se développent-elles, changent-elles »? Elle répond par un postulat de deux processus en jeu: la modularisation progressive (les capacités générales se spécialisent);La « re description » – c’est-à-dire l’information implicite dans le système – devient progressivement explicite à ce système. Ce phénomène explique d’après elle pourquoi les enfants de 2 ans semblent « oublier » certaines capacités mathématiques qui « re-décrites » plus tard (vers 3/4ans), redeviendront explicites après une « inhibition » nécessaire.

 

DEHAENE, chercheur en neurosciences, et auteur de « La bosse des maths » étudie les liens entre cerveau et calcul. Les capacités numériques présentes chez le bébé et l’animal sont le produit  d’un héritage biologique façonné par l’évolution, pense-t-il. Par exemple le calcul abstrait renoue avec les stades piagétiens de capacité à la « numérosité » et de symbolisation abstraite. -chez l’adulte certaines capacités formelles semblent difficiles d’accès -comme dans le cas des stratégies mathématiques- avance Dehaene, lesquelles n’ont pas toujours existé et sont une invention récente de l’histoire humaine.

Elles sont l’apanage, comme dirait Vygotsky, d’un apprentissage et d’une culture humaine. Toujours selon Dehaene, les capacités formelles mathématiques exigent d’autres capacités que les intuitions d’un bébé et sont le fruit -comme la théorie de la  Relativité d’EINSTEIN- d’un entraînement patient et d’un travail sans relâche. A ce titre, les recherches sur l’intelligence des « génies » vont dans le sens d’un travail acharné, quotidien, servi par une passion dévorante pour atteindre les sommets de la pensée chez certains adultes.

 

Conclusion

 

Au terme de cette présentation, il apparaît que les recherches en matière d’intelligence englobent des comportements et des manifestations qui sollicitent  le corps tout entier: performances physiques, mentales, émotionnelles et formelles. Ces manifestations commencent dès la vie animale et se prolongent par les recherches sur les facultés de calcul d’une intelligence – machine, « hors de l’homme » comme c’est le cas de l’Intelligence Artificielle.

Cependant il apparaît, à l’issue de ces réflexions, que seul l’homme- à ce jour-  soit à même d’interpréter le réel et de développer des théories explicatives (A. K-Smith). Ces découvertes enrichissent les connaissances et rendent plus difficile également une conception unitaire de l’intelligence. La position constructiviste d’une intelligence multi-modale permet en effet de concevoir une vision du monde plus généreuse, celle d’une catégorie orientée vers une valeur universelle: la capacité à apprendre .cette capacité est désormais octroyée à des individus jusque-là ignorés dans cette dimension comme se fut le cas des animaux, des bébés et des machines apprenantes modernes.

 

Bibiographie 

 

Dossier sur l’intelligence édité par la revue « sciences humaines »

  1. Gardner, « la théorie des intelligences multiples »

Daniel Goleman, « L’Intelligence émotionnelle »

 

L’échec scolaire chez l’enfant surdoué

Les enfants surdoués en échec scolaire

Sommaire

  • Introduction
  • Qu’est-ce que l’échec scolaire ?
  • Quelques données sur l’échec scolaire.
  • Caractéristiques des personnes surdouées
  • Principaux problèmes relevés chez les surdoués
  • témoignage
  • Aperçus de la « surdouance » dans différents domaines :
    • Le cinéma
    • La musique
    • Les sciences

L’échec scolaire des enfants surdoués

Un titre qui accroche me direz-vous ? Certes, au premier coup d’œil, l’expression semble contradictoire, presque dénuée de sens ! Pourquoi ceux qui auraient des facilités intellectuelles auraient des difficultés pendant leur cursus scolaire ? Il parait difficile d’associer l’image d’un enfant surdoué et celle d’un cancre, assis au fond de la classe près du radiateur !

Malgré notre tendance à penser que ces enfants, de par leurs dons exceptionnels et leurs facultés extraordinaires, n’ont besoin d’aucune aide, les spécialistes montrent qu’il n’en est rien, bien au contraire : les surdoués rencontrent bien souvent des problèmes d’adaptation scolaire et sociale !  

Les enfants intellectuellement handicapés sont pris en charge mais l’on oublie souvent les surdoués, pour qui la détection de leur particularité est quasi- invisible. Nous pouvons noter au passage qu’il y a autant d’écart entre un handicapé mental et un enfant normal qu’entre un enfant normal et un enfant surdoué !

Il paraît toujours paradoxal que les enfants surdoués se retrouvent en situation de faillite. Ce phénomène continue de surprendre les spécialistes eux-mêmes : si on est intelligent, on doit réussir en classe. Leur incrédulité têtue a du mal à céder devant l’évidence : les enfants surdoués risquent autant que les autres – peut-être même davantage – l’échec scolaire.

Malgré leurs compétences extraordinaires, les surdoués sont parfois confrontés à l’échec scolaire ou, plus globalement, à une inadéquation entre leurs possibilités et ce qui leur est offert dans leur milieu environnant, pour parvenir à s’épanouir. Ce phénomène est décrit sous le terme anglo-saxon d’“ underachievement ”, c’est-à-dire une sous utilisation des capacités d’un individu par rapport à ce qu’il serait théoriquement capable de produire. Cette sous-exploitation est liée à des variables émotionnelles ou motivationnelles.

Mais penchons nous de plus près sur les termes de ce titre. Qu’est-ce que l’échec scolaire ? Qu’est-ce qu’un enfant surdoué ? Les images que nous en avons correspondent-elles vraiment à la réalité ? Quels sont les problèmes rencontrés ? Les aptitudes des élèves surdoués impliquent-elles nécessairement la réussite scolaire ?

Des hommes célèbres sont l’exemple type de l’élève surdoué : le poète allemand Goethe, avec un QI de 210, Blaise Pascal (QI de195), Galilée (QI de 185), Descartes et Nietzsche (QI de180), Mozart (QI 165) et Einstein (QI de 160).

Qu’est-ce que l’échec scolaire ?

Cette expression peut se définir par le non aboutissement de la scolarisation d’un élève. Cependant, la notion d’échec scolaire est une notion relativement récente : apparue dès 1950, elle n’est utilisée que depuis les années 1960. Par conséquent, il s’agit d’une notion difficile à définir dans l’absolu, puisqu’elle est liée au contexte social et historique dans lequel la question est posée. Elle dépend de l’objectif que la société s’est fixée à un moment donné, en termes de durée de scolarisation et de niveau de diplôme à atteindre.

Pour aborder la question de l’échec scolaire, il faut avoir en tête les différentes composantes de ce phénomène :

  • Les difficultés d’adaptation à la structure scolaire. L’accent est mis sur les perturbations comportementales et relationnelles de certains élèves, ce qui peut conduire ces derniers à diverses formes d’exclusion, voire d’auto-exclusion.
  • Les difficultés d’apprentissage. L’accent est mis sur les problèmes cognitifs et le manque de compétences. Dans ce cas, on insistera, par exemple, sur les insuccès dans les savoirs de base (lire, écrire, calculer) observables dès le cours préparatoire.
  • Les procédures d’élimination ou de relégation. L’accent est mis sur les orientations négatives : redoublement, placement dans une structure ou une filière dévalorisée.
  • Les difficultés de passage d’un cycle à l’autre. L’accent est mis sur le non-accès au lycée ou à l’enseignement supérieur.
  • L’insuffisance ou l’absence de certification scolaire. L’accent est mis sur l’évaluation ou la sanction d’études (examen, diplômes).
  • Les difficultés d’insertion professionnelle et sociale. L’accent est mis sur la sortie du système scolaire et l’entrée dans le monde du travail.

En complément, nous pouvons dire que la notion d’échec scolaire s’applique tout particulièrement à l’école élémentaire, au collège et au lycée.

Quelques données sur l’échec scolaire

Deux indicateurs principaux sont souvent utilisés par les statisticiens de l’éducation pour essayer de chiffrer le poids de l’échec scolaire.

D’une part, c’est le critère de retard scolaire qui vient à l’esprit : le système scolaire est construit de telle sorte qu’à chaque niveau ou classe, à l’école élémentaire comme au collège, correspond à un âge dit normal. Tout élève ayant une année, deux années, voire trois années de plus que cet âge se trouve en retard scolaire.

Tableau présentant la répartition par âge du CP au CM2 en 1997-1998 écoles publiques et privées confondues.

Classes Ages

x ans : âge « normal »

Total

(nombre d’élèves)

Total

(en pourcentage)

CP 5 ans 9 706 1,8
6 ans 729 471 91,5
7 ans 55 667 6,4
8 ans et plus 3 295 0,4
CE1 6 ans 13 108 2,6
7 ans 684 210 85,6
8 ans 99 401 11,3
9 ans et plus 6 618 0,8
CE2 7 ans 16 253 2,7
8 ans 634 915 83,4
9 ans 113 270 13,2
10 ans et plus 9 444 1,1
CM1 8 ans 18 367 3,0
9 ans 616 808 80,6
10 ans 122 648 14,3
11 ans et plus 11 528 1,4
CM2 9 ans 20 520 3,6
10 ans 148 390 77,5
11 ans 144 201 17,7
12 ans et plus 10 225 1,3

Le retard scolaire n’est pas un signe d’échec en lui-même, mais il s’agit plutôt de ce qu’il sous-entend : le redoublement. Car en effet, lorsqu’un élève prend du retard pour une cause externe (hospitalisation, maladies longues ou répétées), il ne se trouve pas nécessairement en échec. Son cursus se déroule normalement, jusqu’aux études secondaires longues. Par contre, le redoublement est le signal d’alarme qui a une forte valeur prédictive de l’échec scolaire.

Tout se passe comme si le redoublement engendrait l’échec. Cependant, les enseignants font redoubler un élève parce qu’ils constatent des lacunes dans les apprentissages fondamentaux en pensant que l’élève pourra « reprendre un bon départ ». Or, dans une grande majorité des cas, ce démarrage ne se fait pas : un premier redoublement est suivi d’un second à l’école élémentaire, voire d’un troisième au collège, et se solde soit par une orientation « négative » en classe pré professionnelle de niveau (CPPN) ou en classe préparatoire à l’apprentissage (CPA), soit par une sortie du système scolaire à seize ans, sans diplôme.

La sortie de la scolarité obligatoire sans diplôme ni qualification est également un signe à part entière d’échec scolaire. C’est le cas de 8 % des élèves entrés en sixième en 1989.

On remarque d’ailleurs que plus le redoublement est précoce, plus il est le signe d’un risque d’échec. En effet, l’impact positif attendu n’a pas lieu, car les élèves n’ont pas une maturation psychologique et physiologique naturel nécessaire.

D’autre part, l’échec scolaire a pour critère les évaluations nationales qui, chaque année, indiquent le niveau de connaissance atteint en français et en mathématiques par tous les élèves, en début de CE2, et en début de classe de 6ième. Cet instrument d’analyse permet de donner des indications précises et sûres sur l’échec scolaire à différentes échelles : dans l’école, dans l’académie, dans la France entière.

Selon les chiffres de 1990, 10,5 % des élèves en « grande difficulté » abordent la sixième avec un ou deux ans de retard, et de mauvais résultats en mathématiques et en français. À l’évaluation de 1997, 9,6 % des élèves ne maîtrisent pas les compétences de base en lecture et en calcul (contre 8,4 % l’année précédente). C’est donc près d’un élève sur dix qui entre au collège en situation difficile sur le plan de l’acquisition des connaissances de base.

Malgré ces résultats inquiétants, on peut cependant constater que de 1950 à 1965, le taux d’adolescents fréquentant le collège est passé de 26 % à 55% de la population de onze à quinze ans ; qu’en 1975 ce taux atteignait 75%, qu’en 1998, ce sont 3 186 000 élèves qui vont au collège, soit la quasi-totalité des classes d’âge de onze à seize ans.

Caractéristiques des personnes surdouées

La grande majorité des auteurs s’accorde pour dire que le surdoué est une personne dont l’intelligence est très supérieure à la moyenne. Le surdoué est donc définit en fonction de son intelligence, et non en fonction des talents qu’il possède, aussi extraordinaires soient-ils. Ainsi, un sportif de très haut niveau, un artiste ou un calculateur prodige ne sont pas des surdoués, à moins qu’ils possèdent une intelligence hors du commun.

La signification absolue de l’intelligence reste un mystère qui n’est pas prêt d’être élucidé. Au début du siècle pourtant, les premiers tests d’intelligence ont été élaborés par Binet et Simon. Puis d’autres auteurs ont emboîté le pas, donnant naissance aux tests de quotient intellectuel (tests de QI). Depuis, d’autres tests plus complets ont été élaborés, afin de tenir compte notamment des facultés créatrices et d’adaptation, et des capacités de diriger. Ces tests n’ont pas la prétention de définir l’intelligence, et encore moins de l’évaluer avec exactitude, mais ils donnent des indices sur le degré d’intelligence des sujets.

La plupart des tests fixent à 100 points la valeur moyenne du quotient intellectuel QI. La personne surdouée a un QI supérieur à 130.

Le concept d’enfant surdoué renvoie le plus souvent désormais à la note obtenue à l’échelle d’intelligence de Weschler. 2,5 % des enfants d’une classe d’âge vont avoir une note inférieure à 70, ce qui signe le retard mental et qui peut être plus ou moins important et 2,5 % des enfants d’une classe d’âge vont avoir une note supérieure à 130 ce qui correspond à la catégorie des enfants dits « surdoués ». Etre surdoué, selon cette définition stricte voire restrictive, fondée sur une note à une échelle composite faite d’épreuves hétérogènes, signifie être en avance par rapport aux autres enfants de son âge. On parle aussi « d’enfant précoce ». C’est une donnée importante, car le QI n’a pas la stabilité que l’on veut bien lui attribuer trop souvent. Il n’est pas immuable et peut varier au gré de l’évolution plus ou moins rapide de l’enfant ou de l’environnement (Duyme, 1999). Il est donc toujours nécessaire d’évaluer l’efficience intellectuelle dans la durée et de savoir temporiser aussi bien avec l’enfant qu’avec son entourage.

Etre surdoué, c’est aussi avoir de remarquables capacités de rapidité de traitement de l’information. Cela permet à l’enfant de comprendre et d’analyser les événements bien plus rapidement que les autres enfants du même âge, et parfois que beaucoup d’adultes. Enfin, avoir un quotient intellectuel supérieur à 130, c’est aussi avoir de grandes capacités mnésiques. Etre surdoué ne se limite pas à des capacités intellectuelles quantitativement supérieures, il y a aussi des différences sur le plan qualitatif. Certains de ces enfants sont exceptionnellement curieux, et dès qu’ils savent parler, ils fatiguent et mettent en difficulté leur entourage avec des questions toujours plus complexes. Comme les efforts intellectuels ne semblent pas leur coûter, ils peuvent pratiquer des activités pendant un laps de temps très long. Ils apparaissent insatiables, toujours demandeurs et très exigeants. Par ailleurs, s’ils éprouvent beaucoup de plaisir à recourir au raisonnement hypothético-déductif, ils utilisent également très jeunes le raisonnement par associations d’idées ce qui en fait des enfants facétieux, pleins d’humour mais aussi très « créatifs », fourmillant d’idées.

Les caractéristiques présentées par les surdoués s’observent à plusieurs niveaux 

  1. AU NIVEAU DE LA PRECOCITE

Dès leur enfance, certains enfants montrent des signes d’aptitudes intellectuelles supérieures. Ils marchent, parlent plus tôt que les autres de leur âge. Chez ces enfants, le langage, une fois acquis, est manié à un niveau plus que satisfaisant (pour leur âge). Ils apprennent par exemple plus rapidement que les autres enfants.

  1. AU NIVEAU DU LANGAGE

Les enfants et adolescents surdoués ont généralement une remarquable facilité d’expression verbale et manient le langage de façon très créative et avec un vocabulaire particulièrement riche. De plus, ils parviennent à lire plus tôt que les autres enfants et ceci avec une facilité déconcertante.

  1. AU NIVEAU CONCEPTUEL

Ils ont souvent une perspicacité incroyable pour établir des relations de cause à effet, pour comprendre les rapports entre les choses, de même que pour manier des symboles. De plus, ils sont considérés comme très observateurs et aiment manipuler, examiner et construire.

  1. AU NIVEAU SOCIAL

Ils sont connus pour avoir un sens de l’humour particulièrement développé. Ils cherchent la plupart du temps des amis plus âgés qu’eux auprès desquels ils assument fréquemment des rôles de meneurs ou des amis de niveau intellectuel proche du leur. Il est compréhensible qu’ils préfèrent se lier à ceux qui leur ressemblent intellectuellement, sans quoi ils n’auraient guère de satisfaction et l’ennui et la frustration l’emporteraient dans toute activité.

  1. AU NIVEAU DE LA PRODUCTIVITE

Ils ont généralement un très haut niveau d’énergie intellectuelle et détestent rester inactifs. Leur « auto-motivation » pour apprendre est impressionnante, de sorte qu’ils n’ont jamais vraiment besoin d’être stimulés. Ils se fixent des buts élevés. Enfin, ils ont une faculté d’attention prolongée, de même qu’une capacité de concentration étonnante.

  1. AU NIVEAU DES CENTRES D’INTERETS

On constate que dès l’âge de 3 à 4 ans, ces enfants sont confrontés au « problème des limites »: limites de la vie (problème de la naissance, de la mort, de Dieu), limites du temps (préhistoire, origine du monde et de ses composants: êtres vivants et végétaux) et limites de l’univers (le ciel, les étoiles, l’astronomie, le jour, la nuit).

Les auteurs mentionnent principalement leur intérêt pour l’origine de l’univers et de la terre, l’astronomie, l’évolution des espèces et de l’homme, les biographies des grands hommes, des savants et des artistes, le hasard et les probabilités à travers les jeux, les diverses civilisations, les volcans, les tremblements de terre, la géologie, les relations de nombres, etc.

Les surdoués s’intéressent particulièrement aux jeux qui font appel à l’intelligence, tels que les échecs, les dames, les puzzles ou les anagrammes. Les enfants surdoués sont de grands lecteurs. « 88% d’entre eux lisent plus que l’enfant moyen et aucun ne lit moins »  Ils sont particulièrement friands d’ouvrages scientifiques et historiques, de récits de voyages, de poésies et de pièces de théâtre. Ils lisent plus de livres d’aventures et de récits mystérieux et choisissent librement leurs lectures.

Principaux problèmes relevés chez les surdoués

Estime de soi et échec scolaire

Le nombre d’enfants amenés en consultation pour difficultés ou échec scolaires est très important et vraisemblablement croissant. Aujourd’hui, la demande d’aide est, dans 80 % des cas, médiatisée par l’école. Les médecins se disent parfois perplexe sur l’attitude à avoir, face à une telle demande. Ceci est accentué par le fait qu’il perçoit ses difficultés, et les conséquences dont peut dépendre l’avenir scolaire de l’enfant. De nombreux facteurs sont impliqués : le milieu socioculturel bien sûr, mais aussi les conditions psychologiques, affectives et relationnelles de l’enfant et la qualité de la relation pédagogique.


En matière d’apprentissage, il y a lieu de distinguer, deux grands types de facteurs, les facteurs généraux, par exemple la motivation, le plaisir de l’activité, la qualité de la relation avec la personne impliquée dans l’apprentissage… et les facteurs spécifiques, par exemple lors de l’apprentissage de la lecture, tel facteur perceptif, linguistique, cognitif…

Pensée, intelligence, raisonnement

Dans notre société, l’école est un puissant organisateur de la vie psychique de l’enfant et l’enjeu de l’adaptation scolaire est considérable : un enfant qui se révèle compétent en CP renforce son sentiment d’estime de soi, lequel est secondairement renforcé par les gratifications de son environnement.

L’échec scolaire intervient comme un puissant facteur de désorganisation et de régression. Une étape essentielle du développement et de l’élaboration de la pensée de l’enfant est l’accès au langage, notamment à partir de la deuxième année. C’est une révolution pour la pensée de l’enfant : il peut se représenter les objets par des mots, c’est-à-dire accéder à la symbolisation, donc communiquer par les mots et le langage avec les autres, et plus tard, accéder à la langue écrite.

Les capacités intellectuelles sont une chose, les capacités de raisonnement une autre. Les premières incluent les connaissances, les informations, bien distinctes des secondes qui évaluent la qualité du jugement et du raisonnement.

Echec scolaire

On est souvent confronté à un constat paradoxal : un QI élevé ne correspond pas forcément à une bonne réussite scolaire alors qu’à l’inverse un enfant dont le QI est en dessous de la moyenne peut avoir une scolarité satisfaisante jusqu’à un certain degré de difficulté.

Il est possible parfois que l’enfant soit réellement surdoué et cependant en échec scolaire du fait d’une inadéquation effective entre sa précocité et la scolarité de son âge. Dans ce cas bien particulier, l’échec scolaire prend alors valeur de « symptôme ». Ce symptôme a en général une grande résonance tant pour l’enfant que pour son milieu. Du côté de l’enfant, l’échec peut être vécu comme une blessure narcissique qui le déprime, l’isole ou au contraire le pousse à des défenses comportementales qui lui donnent un statut : il pourra par exemple être le « chef de bande à la récré » à défaut d’être le « bon élève ».

L’échec scolaire peut atteindre aussi fortement le narcissisme des parents déçus dans leurs attentes. On voit ici que les enjeux de la réussite scolaire dépassent largement le cadre strict des apprentissages et engagent en profondeur l’économie des relations au sein de la famille et du champ social. Il arrive que des parents trop vivement touchés par l’échec scolaire de leur enfant veuillent y voir un signe de précocité, d’inadaptation de l’école aux capacités supposées supérieures de l’enfant. Le test de niveau sera alors une sorte d’épreuve de la réalité. Cette épreuve de réalité que constitue la mesure de l’intelligence peut modifier le regard des parents sur leur enfant et de ce fait le vécu de celui-ci.

Enfants surdoués et difficultés scolaires

Si beaucoup d’enfants ayant des dispositions intellectuelles remarquables, appelés surdoués, sont bien intégrés dans le système scolaire constituant le cortège des enfants brillants qui tirent les classes, il apparaît que nombre d’entre eux présentent des difficultés, voire sont confrontés à l’échec scolaire. Presque un enfant surdoué sur deux est en grande difficulté scolaire en fin de 3e. Il apparaît donc nécessaire de dépister ces enfants le plus tôt possible afin de prévenir ces difficultés scolaires en accompagnant ces enfants ainsi que leur famille.

Le revers de la médaille

Etre surdoué ne présente pas toutefois pas que des avantages. D’une part, on observe une dysynchronie, c’est-à-dire un décalage, entre développement intellectuel et maturation affective. La dysynchronie peut se manifester également entre développement intellectuel et psychomoteur. Elle est alors à l’origine de déficits instrumentaux qui sont mal compris et mal acceptés. Des enfants ayant appris à lire très précocement et le plus souvent seul (c’est un des éléments clef du dépistage des enfants surdoués) peuvent par la suite présenter des difficultés dans l’apprentissage de l’écriture et de l’orthographe. Dans le même registre, ils ont souvent des difficultés d’élocution, et peuvent bégayer. Dans ces deux cas, le déficit est lié au fait que leur pensée va plus vite que leurs capacités d’expression.

Le syndrome dysynchronique est souvent associé à la dépression. Celle-ci s’exprime principalement par un sentiment de solitude, de dévalorisation, un retrait social, une perte d’intérêt, un manque général de motivation, voire des troubles cognitifs comme des troubles de la mémoire et de la concentration. Comme pour toute dépression chez l’enfant, elle doit impérativement être traitée en prenant en compte le statut particulier de l’enfant concernant ses capacités intellectuelles. Certains chercheurs ont noté des pourcentages de suicides d’adolescents précoces plus élevés que pour les autres catégories.

D’autres troubles psychologiques peuvent se développer, le plus fréquent étant celui de la personnalité antisociale qui se manifeste par des troubles des conduites avec des fugues, des comportements violents vis-à-vis des pairs, un refus de l’autorité et des règles de base. On comprendra pourquoi si le syndrome dysynchronique n’est pas pris en compte, les difficultés scolaires peuvent apparaître dès les classes intermédiaires du cours élémentaire vers l’âge de 7 à 8 ans. L’enfant devient terne dans ses résultats, il se désintéresse de l’école. Les capacités intellectuelles sont présentes, mais l’enfant ne les exprime plus. Le dépistage précoce permet de prévenir de telles situations.

Dépister les enfants « surdoués »

Le dépistage, quand il a lieu, s’effectue en général en deux étapes.

Tout d’abord, l’entourage de l’enfant repère des comportements différents, et ce dès les premières années s’il parle très précocement, est très bavard, curieux de tout et recherche la compagnie des adultes.

En second lieu c’est l’école qui « repère » l’enfant qui est vif, attentif, « suradapté » à la vie scolaire, finit avant les autres et est insatiable. C’est aussi l’enfant qui s’ennuie, est dissipé, agité et gêne ses camarades en classe. C’est encore celui qui a du mal à apprendre « par cœur » et s’abstient de répondre lorsque la question lui paraît trop simple. Dans le meilleur des cas, les enseignants adressent l’enfant au psychologue scolaire ou conseillent aux parents de consulter un service spécialisé pour leur enfant.

Quelques chiffres 

On estime à 400 000 le nombre d’enfants surdoués en France en âge de scolarité (de 6 à 16 ans), soit 4 % de la population, mais seuls 3 à 5 % d’entre eux seraient détectés. On remarque aussi que moins d’ 1% de la population a un QI supérieur ou égal à 180 ! Les spécialistes affirment que « Plus fort est le QI, plus sévères sont les problèmes d’ajustement social, et plus graves sont les persécutions à l’école»

Si l’entourage ne les aide pas parce qu’ils n’ont pas été repérés en tant qu’enfants possédant un haut potentiel intellectuel précoce, avec des aptitudes particulières excellentes en langage, une rapidité de la compréhension, une excellente mémoire (aussi bien à court terme qu’à long terme) et des aptitudes visuo-spatiales et à la résolution de problèmes, ils développent alors des mécanismes d’échec scolaire avec une valeur significative de  » réaction « .

Ces enfants présentent souvent des troubles du comportement, tels que l’instabilité, l’inhibition, l’isolement, des troubles du caractère, ou de la personnalité, avec une certaine asociabilité, une immaturité affective et un aspect anxieux. Des troubles instrumentaux peuvent apparaître tels que la dysgraphie, un trouble de la coordination motrice, une hyperactivité, etc. Ils déroutent, s’intéressent précocement à différents domaines des sciences de la vie et de la terre ; ils dérangent, ils ont le goût du défi et s’ennuient vite en classe, recherchant la compagnie des grandes personnes et éprouvent souvent des difficultés face à l’effort.

Selon l’étude relatée dans Le Quotidien du Médecin du 22 février 1999, menée auprès de 145 surdoués, et suivis sur une période de 10 à 20 ans, il apparaît que ces enfants ont suivi un cursus scolaire chaotique : 40 % d’entre eux ont atteint ou dépassé le niveau Bac + 2 ; 9 % se sont arrêtés au Bac, et 43 % n’ont décroché qu’un BEP ou un CAP.

« Maxime a su lire et compter à trois ans, sans qu’on lui apprenne ; c’était un enfant très curieux qui posait énormément de questions, et comme il avait une mémoire extraordinaire, il enregistrait tout. Il est rentré à 5 ans en CE1 ; il ne savait pas encore écrire, seulement sur minitel. En CE2, il s’embêtait, il est devenu agressif avec moi ; j’ai pensé qu’on lui en demandait trop alors j’ai essayé de le freiner mais il devenait encore plus agressif. Un psychologue spécialisé pour enfants précoces lui a fait passer une batterie de tests. Il m’a dit que mon fils était en « semi torpeur », qu’il faisait tout pour étouffer ses capacités intellectuelles. Je me suis mise à pleurer car je pensais que mon fils ne serait jamais heureux. Et contrairement à ce qu’on pourrait penser, je n’éprouvais aucune fierté », raconte Sophie T, maman du petit Maxime, aujourd’hui âgé de 7 ans.

Maxime est « intellectuellement précoce » : son QI est supérieur à 125, son âge mental dépasse nettement celui de ses camarades de classe. Pourtant, ses parents n’ont jamais cherché à décupler ses capacités intellectuelles. Etonnés par l’extraordinaire appétit de connaissance que manifeste leur enfant, ils ont même tendance à le « freiner » ou à le contraindre à suivre le développement intellectuel « normal » des enfants de son âge. Mais voilà, à adopter le rythme scolaire de sa classe d’âge, calculé sur un QI moyen d’environ 100, les enfants intellectuellement précoces s’ennuient ferme et peuvent gâcher leur immense potentiel. « On en vient ainsi à une répression de l’intelligence, un étiolement de la curiosité, une tendance à se conformer à la norme. Des manifestations telles qu’irritabilité, perte de la joie de vivre, insomnie et parfois troubles du comportement peuvent survenir chez l’enfant », explique un psychologue, qui résume cet état par la formule de « l’effet Pygmalion négatif ».

Dans certains cas, surtout quand l’enfant est issu d’un milieu familial ou social défavorisé, l’enfant surdoué peut même passer pour un débile mental !

Concluons sur une image très éloquente du psychiatre Alain Gauvrit qui, s’inspirant du poème de Baudelaire, parle du complexe de l’albatros : « Avec leurs ailes de géant, ces enfants n’arrivent pas à marcher. Alors en toute logique -c’est leur point fort- certains se coupent les ailes et renoncent à se servir de leur intelligence qui les embarrasse »

Aperçus de la « surdouance » dans différents domaines

Toutes les époques, tous les régimes politiques et toutes les sociétés ont manifesté un intérêt et une attitude particulières pour les surdoués.

Les mythes et légendes de la Grèce antique vantent les enfants prodigieux comme Hercule ou Alexandre dont l’intelligence supérieure s’accompagne automatiquement de caractéristiques physiques qui sont elles aussi supérieures et qui conduisent Terman à prétendre que « good things go together », c’est-à-dire que les bonnes choses vont de pair. Ces mythes et légendes réfutent donc l’argument fort répandu à l’époque qui consistait à dire que l’enfant surdoué était peu développé physiquement, myope, mauvais athlète et peu intelligent.

L’histoire biblique, comme l’évangile arabe, fait mention de Jésus qui, à l’âge de 12 ans, étonnait par sa maturité et par sa compréhension des choses. Ceux qui l’entendaient s’extasiaient sur l’intelligence de ses réponses.

Dans la littérature arabe, la Bagdad des califes abbassides sert de contexte aux contes venus enrichir le substrat indien et persan des mille et une nuits (XIVème siècle). Un de ces contes présente le vizir Ibn Shimâs qui, à 12 ans, est jeune par les années et vieux par l’intelligence.

Mise en situation  à travers le cinéma

Au XXème siècle, des systèmes scolaires efficaces se mettent en place. Désormais tous les enfants sont censés apprendre à lire et à écrire au même âge. Les classes regroupent des élèves de même âge. Si l’on se préoccupe de plus en plus des enfants ayant des retards scolaires, on ne sait trop que faire des élèves en avance.

On assiste au XXème siècle à un foisonnement de littérature concernant les surdoués, les précoces, les génies et les prodiges. Outre les ouvrages scientifiques cités dans ce mémoire, on trouve également des films et des romans traitant du sujet. Parmi ceux-ci, nous avons choisi de mentionner les suivants.

En 1969, Wyndham écrit « The midwich cuckoos« , livre de science fiction auquel fait allusion Joan Freeman. Il y exprime la peur éprouvée à l’égard des enfants surdoués. Il raconte l’histoire d’un « alien » qui place des enfants suprêmement intelligents dans un village anglais. Leurs infinies connaissances et leur inexplicable supériorité mentale effraient. Ils sont considérés comme le produit d’un pouvoir supérieur qui veut maîtriser le monde.

Le livre de Roald Dahl intitulé « Matilda« 1 raconte l’histoire d’une petite fille prénommée Matilda qui dispose de dons exceptionnels: elle est autodidacte et apprend à une vitesse surprenante. Ses parents refusent de reconnaître ces dons. Pour se venger et les punir, Matilda invente les pires astuces… Dans ce livre, Roald Dahl décrit de façon amusante la détresse des enfants dont les dons ne sont pas reconnus par leur entourage et la souffrance que ceux-ci peuvent éprouver dans des milieux frustres et acculturés.

Le film « Lost Angel » (1943). Le film raconte l’histoire d’une petite fille abandonnée par sa mère et élevée par des professeurs d’un institut de psychologie de l’enfant d’après des principes purement scientifiques, dans l’espoir de produire une surdouée. La méthode réussit, mais il manque à la jeune fille l’amour et l’humanité.

Le film de Jodie Foster: « Little man Tate« . A l’âge d’un an, Fred Tate prouve qu’il sait lire en décryptant le nom de la marque de fabrique figurant au revers de son assiette. Un peu plus tard, il sidère son entourage en résolvant des opérations arithmétiques très compliquées et en jouant du piano comme un virtuose. A l’âge de huit ans, une psychologue spécialiste le repère, l’examine et atteste ses dons. Elle obtient alors de l’emmener dans un institut où n’étudient que des individus surdoués. Mais Fred souffre de ces conditions d’existence qui l’oppressent : l’ennui le gagne, l’amour maternel lui manque, si bien que Fred Tate retourne chez lui auprès de sa mère.

Les sciences, un domaine de prédilection

Les prodiges sont des personnes qui étonnent par leurs talents extraordinaires.

Les définitions du prodige que l’on trouve dans la littérature ne font pas référence à l’intelligence. On ne peut donc pas affirmer que les prodiges sont tous surdoués.

L’exemple le plus frappant est celui des calculateurs prodiges. Il s’agit généralement de sujets qui présentent un mode de fonctionnement qui privilégie un domaine au détriment de tout le reste.

Au XVIIIème siècle, Thomas Fuller était capable de dire en deux minutes combien de secondes il y avait dans une année et demie (47 340 000 secondes).

Zacharias Dase, né en 1824, calculait de tête les logarithmes naturels des nombres de 1 à 100 500 et la table des facteurs et des nombres premiers depuis le septième jusqu’au huitième million. De même, il lui fallait cinquante-quatre secondes pour la multiplication de deux nombres de 8 chiffres, et six minutes pour multiplier deux nombres de 20 chiffres !

Jacques Inaudi, né en 1867, effectuait à six ans des multiplications de cinq chiffres sans connaître sa table de multiplication !

La plupart de ces calculateurs prodiges étaient atteins de débilité mentale et n’étaient en fait que des machines à compter.

D’autres, au contraire, ont fait preuve d’une grande intelligence.

Le mathématicien Henri Poincaré n’écrivait jamais une opération car celles-ci se faisaient toutes seules dans sa tête. Il ne prenait la plume que pour rédiger un travail achevé.

Zerah Colburn était capable à 8 ans d’élever mentalement le nombre huit à la seizième puissance et pouvait donner la racine carrée d’un nombre à six chiffres avant que l’on eût fini d’inscrire celui-ci au tableau.

Le génie à travers l’art de la musique

Le Petit Robert définit le génie de la façon suivante : « Aptitude supérieure de l’esprit qui élève un homme au-dessus de la commune mesure et le rend capable de créations, d’inventions, d’entreprises qui paraissent extraordinaires ou surhumaines à ses semblables ».

On peut donc dire, que tous les génies sont des surdoués, mais que l’inverse n’est pas vrai. Pour être génial, il faut avoir cette extraordinaire capacité créatrice que l’on retrouve par exemple chez Mozart, Schubert ou Mendelsohn. Notons toutefois que ce n’est pas le fait qu’ils aient composé avant l’âge de 12 ans qui fait d’eux des génies. En d’autres termes, il ne faut pas confondre le génie et la précocité. Si la plupart des génies ont été précoces dans leur enfance, très peu d’enfants précoces peuvent être qualifiés de génies.

Wolfgang Amadeus Mozart est un musicien et un compositeur, qui déjà à l’âge de 6 ans était en tournée afin de montrer ses talents en violon, piano et orgue. A l’âge de 8 ans, il écrivait ses premières symphonies, et à l’âge de 12 ans, son premier opéra.

Dès l’âge de trois ans, Wolfgang manifeste, outre une puissance exceptionnelle de concentration, des dons musicaux remarquables : justesse absolue d’oreille et mémoire prodigieuse. À l’âge de cinq ans, il commença à composer de petits morceaux. Son père, Léopold (1719-1787), sévère mais excellent pédagogue musical, entreprend sérieusement son instruction. On lui a reproché d’avoir exercé sur son fils une influence conservatrice et retardatrice ; mais Wolfgang su faire la part de l’étroitesse d’esprit et celle de la solidité du métier : jusqu’à la mort de son père, il se référa toujours avec une totale confiance à son jugement. Léopold entreprend, avec son fils et sa fille Maria Anna, des tournées où il exhibe l’enfant prodige, au risque d’exposer Wolfgang, entre sa septième et sa onzième année, aux fatigues et aux maladies de voyages lointains. La nouvelle de ses performances traversa l’Europe; il était vu comme un phénomène scientifique, tout comme un singe parlant. Léopold a rapidement compris le potentiel de faire fortune tant pour son fils que pour lui-même. Ces expéditions se retournent d’ailleurs partiellement contre le père, car l’enfant y trouve l’occasion de capter des influences qui n’agréent pas à son mentor et qu’il n’aurait pas connues si tôt s’il était demeuré à Salzbo


Bibliographie

  • encyclopédies 
  • Encarta
  • Kléio
  • Larrousse
  • Universalis
    • Internet 
  • Rapports de conférence du professeur Philippe Mazet, des docteurs J.-M. BALEYTE et T. Hergueta
    • Livres 
  • L’échec scolaire. de Francine Best.  
  • Surdoués en péril. La vie de l’éducation, 24.4.1996.
  • Pas facile les surdoués. 24 Heures, 31.12.1981
  • Les calculateurs prodiges.  La recherche, 185, 1987.
  • Les surdoués sont-ils les futurs Einstein ? de De Craecker.
  • Enfants et Adolescents surdoués de Jean-Charles Terrassier.
  • Articles de Von Bauer Gauss
  • Emission télévisée « la marche du siècle », juin 1994.

L’intelligence (QI) est-elle génétique?

Robert Plomin, un généticien comportemental dit que cela est entrain d’arriver .

Pendant des décennies, les chercheurs en génétique ont cherché les facteurs héréditaires derrière l’intelligence, avec peu de succès. Mais maintenant, les études génétiques sont finalement devenues assez importantes – et donc assez puissantes – pour se concentrer sur les différences génétiques liées au QI.

Il y a un an, aucun gène n’avait jamais été lié à la performance d’un test de QI. Depuis, plus de 500 gènes ont été trouvés, grâce à des études génétiques impliquant plus de 200 000 personnes. Les résultats d’une expérience mettant en corrélation l’ADN d’un million de personnes avec leur réussite scolaire sont disponibles.

Les découvertes signifient que nous pouvons maintenant lire l’ADN d’un jeune enfant et avoir une idée de son intelligence, dit Plomin, un Américain basé à King’s College London, où il dirige une étude à long terme de 13 000 paires de jumeaux britanniques.

En janvier, Plomin a présenté le scénario de test ADN QI dans un article intitulé  » La nouvelle génétique de l’intelligence « , démontrant que les parents utiliseront des tests directs aux consommateurs pour prédire les capacités mentales des enfants et faire des choix de scolarisation, un concept qu’il appelle l’éducation de précision.

Pour l’instant, les prédictions ne sont pas très précises. Les variations d’ADN qui ont été liées aux résultats des tests expliquent moins de 10 % des différences d’intelligence entre les personnes d’ascendance européenne qui ont été étudiées.

Malgré cela, MIT Technology Review a constaté que certains aspects du scénario d’essai de Plomin sont déjà en cours. Au moins trois services en ligne, dont GenePlaza et DNA Land, ont commencé à proposer de quantifier le QI génétique de quiconque à partir d’un échantillon de crachat.

D’autres se retiennent. La plus grande entreprise offrant des rapports sur la santé de l’ADN destinés directement aux consommateurs, 23andMe, dit qu’elle ne dit pas aux gens leur évaluation cérébrale par crainte que l’information ne soit mal reçue.

Plusieurs éducateurs contactés par le MIT Technology Review ont réagi avec inquiétude face aux nouveaux développements, déclarant que les tests ADN ne devraient pas être utilisés pour évaluer les perspectives académiques des enfants.

« L’idée est que nous aurons cette information partout où vous irez, comme une étiquette RFID. Tout le monde saura qui vous êtes, ce que vous êtes. Pour moi, c’est vraiment effrayant « , dit Catherine Bliss, sociologue à l’Université de Californie à San Francisco et auteure d’un livre qui remet en question l’utilisation de la génétique en sciences sociales.

« Un monde où les gens sont triés selon leur capacité innée – et bien, c’est Gattaca « , dit Bliss. « C’est de l’eugénisme. »

Trouver les gènes de l’intelligence

Pour les psychologues, les tests de QI mesurent ce qu’on appelle « g » – le facteur général de l’intelligence. Les gens qui sont meilleurs en mathématiques, en raisonnement spatial, en aptitudes verbales et autres aptitudes que les tests peuvent mesurer ont un g plus élevé.

Et ce n’est pas tout. Le facteur g est fortement corrélé avec le revenu, le bonheur, la santé et la durée de vie. Plus de g semble être une bonne chose pour tout le monde. Pour Plomin, c’est la « variable omnipotente » de la vie.

C’est aussi très héréditaire. Des comparaisons de jumeaux, identiques et fraternels, séparés à la naissance ou élevés ensemble, avaient montré que la génétique doit représenter plus de la moitié de l’intelligence – un effet énorme pour les gènes. Le reste est dû à vos écoles, à votre régime alimentaire et à d’autres facteurs environnementaux.

 

Mais quels gènes spécifiques sont responsables du QI ? La recherche ne s’est pas bien passée au début. Plomin n’a pas réussi à découvrir des liens lorsqu’il a examiné les génomes de 7 900 enfants en 2010. Plus tard, il s’est impliqué dans une mésaventure impliquant une société chinoise de séquençage, BGI, à laquelle il a fourni l’ADN de plus d’un millier de génies américains. Le projet a déraillé après que des reportages ont accusé les Chinois d’élaborer un complot pour élever des « bébés géniaux ».

La chasse aux gènes a finalement porté ses fruits en mai 2017. Une étude menée par les Pays-Bas sur la composition génétique de 78 308 personnes qui avaient subi des tests (dont 2 825 jumeaux de Plomin) s’est concentrée sur les variations de 22 gènes liés aux scores de QI. En mars, le nombre de personnes et de gènes s’élevait rapidement à 199 000 personnes et 500 gènes. M. Plomin indique qu’un rapport à venir établira des liens avec 1 000 gènes.

Chaque variable génétique trouvée jusqu’à présent n’a qu’un effet minime, soit en augmentant faiblement le QI en moyenne, soit en le diminuant faiblement. L’astuce pour transformer les découvertes en un test de QI ADN personnel ? Il suffit d’additionner tous les avantages et les inconvénients que l’on trouve dans le génome d’une personne en particulier.

Ces types d’évaluations sont appelés « scores polygéniques ». Et ils deviennent rapidement une très grosse affaire (voir « 10 technologies de rupture 2018 : la fortune génétique »). C’est parce qu’ils fonctionnent pour n’importe quelle caractéristique, y compris les maladies cardiaques, le diabète et la schizophrénie – en tout, plus de 2 000 caractéristiques jusqu’à présent.

Plomin n’a pas tardé à s’inscrire. L’année dernière, il a craché dans un tube et son ADN a été calculé par son centre de recherche. Maintenant, au cours des discussions, il présente ses classements génétiques. Il est à l’extrémité supérieure du risque d’arthrite (il en a), inférieur à la moyenne pour la dépression et dans le 94e percentile pour l’excès de poids.

Pour Plomin, dont le poids avoisine parfois les 240 livres, la prédiction génétique explique son combat de toute une vie avec les amidons et les sucreries. « Les gens diront :  » Oh, il n’y a rien que vous ne puissiez faire – vous êtes un gras génétique « , mais cela m’aide à le savoir. C’est une bataille constante des bulbes « , dit-il.

Bien sûr, il connaît aussi son rang centile pour le rendement scolaire prévu. « C’est 99-point-sur-quelque chose, c’est embarrassant », dit-il.

Einstein ou Nabilla ?

Plusieurs scientifiques ont dit à MIT Technology Review qu’ils ne croient pas que les tests génétiques de QI peuvent dire quoi que ce soit d’utile aux individus et ne savent pas pourquoi Plomin dit qu’ils le feront.

« Nous ne serons jamais en mesure d’examiner l’ADN de quelqu’un et de dire que votre QI sera de 120 « , dit Danielle Posthuma, qui a dirigé la grande étude sur le QI de 2017. « Je ne pense pas qu’il soit logique de l’utiliser de cette façon. je ferais passer un test de QI aux gens. » Posthuma dit que son principal intérêt est de découvrir comment le cerveau fonctionne à un niveau de base, là où la découverte de gènes associés à l’intelligence peut aider.

Plomin, cependant, souligne que les tests de QI avec des blocs colorés fonctionnent à peine pour les petits enfants, ne parviennent pas à saisir avec précision la façon dont ils se comporteront lors des tests plus tard dans la vie. Votre ADN, par contre, est là dès le jour de votre naissance et ne change pas. Au début de la vie, dit M. Plomin, l’ADN peut déjà fournir une meilleure prédiction de l’intelligence que n’importe quel test.

Pourtant, la question est l’exactitude – ou l’absence d’exactitude. À l’heure actuelle, les scores polygéniques ne saisissent qu’une fraction des déterminants génétiques de l’intelligence et aucun des déterminants environnementaux. Cela signifie que les prédictions restent floues.

C’est clair d’après les propres données de Plomin. Son centre a calculé des scores polygéniques pour des centaines de jumeaux qu’il a suivis depuis leur naissance et dont il a l’ADN dans son dossier. Il a ensuite comparé les scores génétiques avec la façon dont les jumeaux (maintenant dans la vingtaine) avaient réussi un examen à l’échelle du Royaume-Uni que tout le monde passe à l’adolescence.

Tracé l’un contre l’autre, le résultat ressemble plus à un nuage de points légèrement allongé qu’à une ligne droite. C’est-à-dire que les prédictions de l’ADN et les résultats des tests avaient tendance à s’aligner, mais pas parfaitement. Certains ayant un faible taux d’ADN ont obtenu d’excellents résultats à l’adolescence. D’autres avaient bombardé malgré la promesse dans leurs gènes.

Pour Aaron Panofsky, sociologue scientifique de l’Université de Californie à Los Angeles, c’est un énorme problème. Avec cette technologie, vous pourriez finir par faire passer un Einstein pour Nabilla, et vice versa. « Est-ce que l’affirmation selon laquelle vous allez faire cracher des enfants de maternelle dans des éprouvettes et obtenir une certaine traction sur leur réussite lorsqu’ils obtiendront leur diplôme d’études secondaires ? Eh bien, dans l’ensemble, il semble que ce sera mieux que de lancer des dés « , dit Panofsky. « Mais si on veut déterminer si votre enfant doit être dans le programme de doués ou de rattrapage ? »

Quand il s’agit d’utiliser les tests d’ADN dans le monde réel, Panofsky dit : « Je ne pense pas qu’ils y ont pensé très fort ».

Scores de QI à vendre

MIT Technology Review a constaté que les évaluations génétiques du QI sont déjà offertes par des sites Web qui fournissent de l’information à des personnes qui ont déjà fait mesurer leur ADN par 23andMe ou Ancestry.com.

Les utilisateurs de GenePlaza, par exemple, peuvent télécharger leurs données 23andMe et payer 4 $ de plus pour accéder à une « Intelligence App », qui évalue leur ADN en utilisant les données de la grande étude 2017 sur les gènes QI.

Il montre aux utilisateurs où leurs gènes les placent sur une courbe en cloche de QI inférieur à un QI supérieur. Un calcul similaire est disponible à partir de DNA Land.

Les résultats sont accompagnés d’avertissements disant que les résultats ne signifient pas grand-chose pour l’instant, parce qu’ils ne prédisent qu’environ 5 points de QI. « J’espère que les gens ne pensent pas qu’il s’agit d’une véritable mesure de leur intelligence « , dit Alain Coletta, scientifique en bioinformatique et fondateur de GenePlaza.

Il dit qu’il a mis l’application « pour s’amuser. »

Jusqu’à présent, les grandes sociétés d’analyse de l’ADN des consommateurs ont évité les rapports de renseignement. « Il y a évidemment des inquiétudes sur la façon dont il est utilisé et dont on en parle « , dit James Lu, cofondateur d’Helix, un magasin d’applications de pointe pour les tests d’ADN, basé en Californie.

Compte tenu de l’histoire de l’eugénisme, les grandes entreprises doivent craindre d’être qualifiées de nazis et de racistes. Qui plus est, les clients pourraient ne pas être heureux de recevoir une prédiction d’intelligence inférieure à la moyenne.

Prenons l’entreprise de test 23andMe, qui a étudié l’ADN de plus de cinq millions de personnes et offre aux consommateurs des rapports sur 21 caractères, allant des chances d’avoir une fente au menton jusqu’à la probabilité de développer une calvitie. De ces rapports sur les traits de caractère, 16 sont calculés à l’aide de scores polygéniques.

Mais 23andMe n’offre aucun rapport sur les facultés intellectuelles. Et ce n’est pas parce qu’il n’a pas les données. C’est le cas. Parce qu’elle sonde les clients sur le temps qu’ils sont restés à l’école, un proxy pour l’intelligence, la société soutenue par Google a joué un rôle de soutien dans la recherche de gènes d’intelligence en contribuant les données d’ADN de ses clients à la plus grande des chasses aux gènes.

Alors pourquoi ne pas le dire aux clients ? En réponse à la question du MIT Technology Review, 23andMe nous a fait une déclaration. « Le niveau d’éducation est quelque chose que nous avons déjà examiné auparavant, mais que nous ne recherchons pas actuellement pour notre produit pour plusieurs raisons « , a déclaré Shirley Wu, directrice de la science des produits pour 23andMe. « L’un étant les pièges d’une mauvaise interprétation potentielle d’un tel rapport. »

Génotocratie

Bien qu’il soit encore tabou, certains scientifiques médicaux essaient de trouver comment utiliser les résultats de l’intelligence polygénique pour choisir l’embryon le plus intelligent d’un plat de FIV, choisir le meilleur donneur de sperme ou découvrir des fœtus à haut risque pour un menu élargi de troubles cognitifs, y compris l’autisme.

Dalton Conley, sociologue à l’Université de Princeton, dit que dès que les prédictions du QI atteindront les deux chiffres – ce qui pourrait se produire très bientôt – nous aurons besoin d’un « débat politique sérieux » sur de tels « eugénisme personnel ». L’une des préoccupations est que la FIV est coûteuse. Cela pourrait mener à une situation dans laquelle les riches finissent par utiliser la technologie des tests de QI pour choisir des enfants ayant des gènes sélectionnés alors que les pauvres ne le font pas, ce qui mène à une société inégale que Conley appelle une « génotocratie ».

D’autres suggèrent que les modèles génétiques de l’intelligence seront utilisés pour comparer des races, des groupes ethniques ou des personnes de différentes parties du monde. Dans un éditorial sur la génétique de la race publié dans le New York Times du 23 mars, David Reich, biologiste de l’Université Harvard, a cité les nouveaux prédicteurs génétiques du QI et a averti que  » tous les traits influencés par la génétique devraient différer d’une population à l’autre « .

L’avertissement était implicite : les différences de QI pourraient être dues à des gènes et non à des circonstances, et les scores polygéniques pourraient le prouver.

Pour les psychologues qui travaillent dans le domaine de la génétique, les percées de l’année dernière ont rapproché la prédiction du comportement par l’ADN d’une utilisation pratique. Sur la place publique, cependant, ils sont confrontés à une foule de sceptiques, qui disent que leur science est trompeuse ou qui la désavouent complètement.

« Nous sommes dans une situation où vous mentionnez que vous travaillez dans le renseignement, les gens disent : « Oh, vous ne pouvez pas mesurer cela. Qu’est-ce que l’intelligence ? » dit Stuart Ritchie, psychologue à l’Université d’Edimbourg. « Le débat que nous devons avoir porte sur l’éthique même de cette prédiction génétique, qu’il s’agisse de mesurer les enfants pour prévoir leurs résultats à l’école ou de sélectionner des embryons.

D’autres disent que la grande question sera de savoir quand il est acceptable de préjuger des gens à partir de profils d’ADN. Nous voudrions probablement le dire aux gens si leur ADN indique qu’ils sont à risque d’accoutumance, par exemple. Peut-être qu’ils ne prendront pas la première cigarette. Mais qu’est-ce que cela signifie de dire aux parents que leur enfant risque d’être intelligent ou muet ?

Pour Plomin, au moins, la réponse est déjà claire. Il dit que les scores polygéniques pour le QI révéleront davantage le rôle de l’intelligence dans la détermination des salaires des gens, le choix de leurs partenaires et même la structure de la société. Les gens voudront savoir.

Plomin dit qu’il est en train d’écrire un livre, intitulé Blueprint, qu’il pense qu’il va « énerver beaucoup de gens » en soutenant que l’ADN est « la force systématique majeure pour faire des gens ce qu’ils sont ».

La dépression de la mère peut faire baisser le QI de son enfant

Environ une femme sur dix aux États-Unis souffrira de dépression, selon les Centers for Disease Control and Prevention. Les conséquences, cependant, peuvent s’étendre à leurs enfants, rapportent des chercheurs de la San Diego School of Medicine de l’Université de Californie, qui ont découvert que la dépression d’une mère peut affecter négativement le développement cognitif d’un enfant jusqu’à l’âge de 16 ans.

Les résultats sont publiés dans le numéro d’avril de Child Development.

impact de la dépression de la maman sur le qi de son enfant

Les chercheurs ont interrogé environ 900 enfants en bonne santé et leurs mères vivant à Santiago, au Chili, à des intervalles de cinq ans, de la petite enfance à l’âge de 16 ans. Ils ont observé à quel point les mères étaient affectueuses et réceptives à l’égard de leurs enfants à chaque période d’âge, ainsi que la quantité de matériel d’apprentissage adapté à l’âge des mères. Les enfants ont été évalués en fonction de leurs capacités cognitives verbales à l’aide de tests de QI normalisés au cours de chaque évaluation. Les mères ont été testées pour les symptômes de dépression.

« Nous avons constaté que les mères qui étaient très déprimées n’investissaient pas autant que les mères qui n’étaient pas déprimées, ni sur le plan émotionnel, ni sur le plan du matériel d’apprentissage pour soutenir leur enfant, comme les jouets et les livres, que les mères qui n’étaient pas déprimées. Cela a eu un impact sur le QI de l’enfant à l’âge de 1, 5, 10 et 16 ans « , a déclaré Patricia East, PhD, chercheuse scientifique au département de pédiatrie de la San Diego School of Medicine de l’Université de Californie à San Diego. « La constance et la longévité de ces résultats témoignent de l’effet durable de la dépression sur le rôle parental de la mère et le développement de son enfant.

Sur une échelle de un à 19, le QI verbal moyen pour tous les enfants de l’étude à l’âge de 5 ans était de 7,64. On a constaté que les enfants dont la mère était gravement déprimée avaient un QI verbal moyen de 7,30, comparativement à 7,78 chez les enfants dont la mère n’était pas déprimée.

« Bien qu’apparemment faibles, les différences de QI de 7,78 à 7,30 sont très significatives en termes de compétences verbales et de vocabulaire des enfants « , a déclaré East. « Les résultats de notre étude montrent les conséquences à long terme qu’un enfant peut subir en raison d’une dépression maternelle chronique. »

Tout au long de la période d’étude, au moins la moitié des mères étaient déterminées à être déprimées d’après un questionnaire comportant des questions comme  » Êtes-vous triste ? et « Pleures-tu souvent ? »

« Pour les mères de l’étude, il y avait beaucoup de facteurs de stress dans leur vie. La plupart des mères, bien qu’alphabétisées, n’avaient que neuf ans d’éducation, n’avaient pas d’emploi à l’extérieur de la maison et vivaient souvent avec leur famille élargie dans de petites maisons surpeuplées – des facteurs qui ont probablement contribué à leur dépression « , a déclaré Mme East. « Beaucoup de mères souffrent de dépression dans les six premiers mois après l’accouchement, mais pour certaines, la dépression persiste. »

Selon East, les données de l’étude suggèrent qu’environ 20 % des mères qui sont gravement déprimées lorsque leur enfant atteint l’âge de 1 an restent déprimées pendant une longue période.

« Pour les fournisseurs de soins de santé, les résultats montrent que l’identification précoce, l’intervention et le traitement de la dépression maternelle sont essentiels « , a déclaré Mme East. « Fournir des ressources aux mères déprimées les aidera à gérer leurs symptômes de façon productive et à s’assurer que leurs enfants atteignent leur plein potentiel.

Les auteurs de l’étude ont indiqué que les étapes futures comprennent une analyse plus poussée des données pour voir comment la dépression des mères affecte les symptômes dépressifs des enfants pendant l’enfance et l’adolescence, ainsi que le rendement scolaire et la santé des enfants, comme la probabilité qu’ils soient en surpoids ou obèses.

 

La motivation des enfants a plus d’impact que leur QI pour réussir sa vie

Gavin Ovsak est l’un de ces garçon qui ne semblent jamais ralentir. En plus de son travail en classe à l’école de médecine de Harvard, il a un programme logiciel intense pour aider les médecins à prendre de meilleures décisions.

« C’est amusant pour moi « , explique le natif du Minnesota, âgé de 23 ans, qui a étudié le génie biomédical et l’informatique à Duke comme étudiant de premier cycle. Il admet qu’il oublie parfois de manger et de se laver quand il est vraiment engagé dans un de ses projets.

Il y a un terme pour désigner des gens comme Ovsak, le genre de fonceur qui choisirait de relever un défi complexe en matière de programmation en plus d’une lourde charge de travail scolaire exigeant. Les psychologues de l’éducation Adele et Allen Gottfried appellent les gens qui se distinguent lorsqu’il s’agit d’efforts et de détermination des « surdoués et motivés ».

Selon les Gottfrieds, notre culture a largement sous-estimé à quel point la motivation est essentielle pour assurer le succès plus tard dans la vie. Si la société apprend à valoriser cette qualité de la même manière qu’elle considère l’intelligence ou les compétences de leadership, elle peut être un atout énorme pour les enfants – d’autant plus que la motivation, contrairement à beaucoup d’autres talents, est une qualité accessible à tous.

Les Gottfrieds ont beaucoup de recherches pour étayer leurs théories sur la motivation, assez pour remplir une vie entière. À la fin des années 1970, les Gottfrieds étaient professeurs à la California State University, Allen à Fullerton et Adèle à Northridge. Ils ont entrepris un projet de recherche sur 130 bébés nés dans un hôpital de Fullerton, en Californie. Environ 90 % des participants étaient de race blanche, et presque tous sont tombés dans le continuum de la classe ouvrière à la classe moyenne supérieure.

Au cours des quatre décennies qui ont suivi, les Gottfrieds et plusieurs de leurs collègues ont rassemblé une quantité stupéfiante de données sur les participants à l’étude, ce qui a permis d’obtenir des renseignements importants sur les parents qui travaillent, le tempérament et d’autres sujets. Les chercheurs ont recueilli de l’information sur les participants auprès des parents, des enseignants et des transcriptions, ont testé leur QI et leur niveau de motivation, et ont même visité leur domicile. Au total, l’étude longitudinale de Fullerton a recueilli environ 18 000 renseignements sur chacun des 107 participants restants. C’est le travail de notre vie, dit Allen avec joie. « Nous l’emporterons dans notre tombe. »

Les Gottfrieds estiment que l’une des conclusions les plus significatives de l’étude est la motivation. Les enfants qui ont obtenu des notes plus élevées sur les mesures de motivation scolaire intrinsèque à un jeune âge – c’est-à-dire qu’ils ont aimé apprendre par eux-mêmes – ont obtenu de meilleurs résultats à l’école, ont suivi des cours plus stimulants et ont obtenu des diplômes plus avancés que leurs pairs. Ils étaient plus susceptibles d’être des leaders et de faire preuve d’une plus grande confiance en soi au sujet des devoirs scolaires. Les enseignants les voyaient comme apprenant davantage et travaillant plus fort. En tant que jeunes adultes, ils ont continué à chercher des défis et des occasions de leadership. S’il y a une sauce secrète pour gagner dans la vie, les enfants motivés semblent l’avoir trouvée.

Environ 19% des bébés sélectionnés au hasard pour l’étude de Fullerton ont par la suite obtenu 130 points ou plus à un test de QI – une norme largement acceptée pour le talent intellectuel. Mais, à quelques exceptions près, la cohorte des « surdoués motivés » des Gottfried ne se superposait pas aux surdoués intellectuels. En d’autres termes, ces enfants très motivés excellaient même en contrôlant les différences d’intelligence ou d’habileté.

En soi, la motivation explique une certaine variance des réalisations qui va au-delà du quotient intellectuel, explique Adèle. Pendant que les Gottfrieds regardaient les enfants très motivés s’épanouir et grandir, ils ont commencé à chercher des indices sur la façon dont ils s’ y sont pris.

Le volume considérable d’informations contenues dans l’étude de Fullerton offrait une fenêtre inhabituelle sur la vie familiale des enfants de l’étude. Avec leurs collègues, les Gottfrieds se sont attelés à la tâche laborieuse d’analyser leurs données volumineuses afin de dégager des « chemins » – des influences environnementales qui ont poussé ou non les enfants vers une motivation intrinsèque lorsqu’il s’agissait d’apprendre.

Les résultats ont validé certains éléments de bon sens et en ont démystifier d’autres. Les parents qui ont fait la lecture à leurs enfants les ont aidés à développer un amour de la lecture, ce qui leur a indirectement permis d’obtenir de meilleurs résultats en lecture. Mais le nombre de livres dans la maison n’ a eu aucun effet sur cette réussite. Les enfants de huit ans qui étaient encouragés à être curieux avaient tendance à aimer les sciences et à suivre des cours de sciences plus exigeants au secondaire.

Dans l’ensemble, les parents qui encourageaient la curiosité, l’indépendance et l’effort, et qui appréciaient l’apprentissage pour lui-même, avaient des enfants ayant une motivation et un rendement intrinsèques plus élevés. De plus, les effets de ces pratiques ont persisté à mesure que les enfants vieillissaient. Ainsi, ce que vous faites à l’âge de neuf ans a non seulement un impact immédiat, mais aussi un impact de suivi dans le temps « , note Adele.

Les conclusions font écho à celles d’autres experts. Etudes après études, les récompenses externes comme l’argent ou le statut tendent à diminuer la satisfaction des gens à l’égard d’une activité, même s’ils l’aimaient auparavant. Donc, pour que les enfants réussissent véritablement dans la vie, ils doivent être motivés intrinsèquement, c’est-à-dire qu’ils doivent apprendre et relever de nouveaux défis comme s’ils étaient leur propre récompense. Enseigner le désir d’apprendre peut être aussi important que l’enseignement des compétences académiques.

« Pourquoi accorder autant d’importance aux tests de QI? »

L’idée selon laquelle le succès dépend de qualités autres que l’intelligence a été généralisée ces dernières années. La psychologue Angela Duckworth a popularisé le concept de l’adhérence à un but malgré les obstacles, ainsi que la recherche sur ses qualités prédictives de succès. La psychologue Carol Dweck, de Stanford, a passé des années à documenter l’impact d’une « mentalité de croissance », où les gens accordent plus d’importance au travail acharné et au dévouement qu’aux capacités innées. Pourtant, ces concepts sont à bien des égards contraires à l’histoire. « Toute la recherche de ce siècle tendait à montrer un lien entre talent et l’intelligence. Et on nous a dit, vous savez, le don peut prendre de nombreuses formes « , dit Allen . « Pourquoi être autant dépendant des tests de QI? »

Le psychologue de Stanford Lewis Terman, qui a mis au point le test utilisé pour mesurer l’intelligence connu sous le nom de Stanford Binet, est en partie responsable. En 1922, lui et ses chercheurs ont arraché des enfants des écoles californiennes en se fondant sur les recommandations des enseignants. Ceux qui ont dépassé un certain seuil lors d’un test de QI ont été considérés comme doués et inscrits à l’étude longitudinale pionnière de Terman.

Depuis des dizaines d’années, les savants discutent des leçons que nous devrions tirer de la vie des termites. Mais l’un de ses legs clairs est la quantification des capacités. Au cours du siècle dernier, un QI supérieur à 130 a généralement été accepté seuil de la surdouance.

Au cours des deux dernières décennies, la plupart des éducateurs et des institutions ont dépassé cette définition, mais peu d’entre eux semblent disposés à en abandonner le cœur. Dans une étude menée en 2011, deux professeurs de l’Université d’État de Floride ont découvert que les 50 États avaient « arrêté » les tests de QI comme norme unique pour identifier les enfants doués ou à haut potentiel. Selon les auteurs, de nombreux États prennent maintenant en compte des critères multiples lorsqu’ils évaluent les talents, soit en établissant une moyenne de plusieurs catégories (aptitude, leadership et créativité, par exemple), soit en sélectionnant des enfants qui se démarquent sur un ou plusieurs d’entre eux.

Cependant, une majorité d’États exigent encore des tests d’intelligence et de performance. Et les auteurs n’ont trouvé que trois États qui classent la motivation comme une catégorie dans leur définition du surdoué. Grit est peut-être le chouchou de la foule des TED Talk, mais le système met toujours l’accent sur les résultats aux tests.

René Islas, de l’Association nationale des enfants surdoués, affirme qu’il est difficile, voire impossible, de savoir combien de districts scolaires peuvent utiliser la motivation dans le cadre de l’identification des enfants doués, étant donné que tant d’États permettent également aux districts locaux de formuler leurs propres critères.

Islas n’hésite pas à souligner que l’identification n’est que la pointe de l’iceberg en matière d’éducation des élèves doués. Il dit aux parents de se concentrer moins sur l’étiquette que sur les services dont ils pensent que leurs enfants ont besoin. Mais il est d’accord que le système peut négliger les enfants méritants. Une étude menée en 2015 et analysant les données d’un État a révélé que les enfants qui étaient pauvres, noirs, latinos ou anglophones étaient deux fois et demie moins susceptibles d’être identifiés comme étant doués, même lorsqu’ils obtenaient des résultats égaux à ceux de leurs pairs aux tests de troisième année en mathématiques et en lecture. Les enfants qui obtiennent le label de « surdoués » ont souvent accès à de plus grandes possibilités – les Islas pensent donc qu’il est crucial que les éducateurs continuent à travailler pour bien faire les choses.

« Vous pouvez profiter de ce que vous faites dans la vie »

Mais les recherches de Gottfrieds sur la motivation sont importantes pour des raisons qui vont au-delà de l’éducation douée. Les Gottfrieds croient que les écoles et les parents peuvent aider tous les enfants à trouver leur passion pour l’apprentissage. L’éducation est tellement axée sur les compétences qu’ils semblent oublier la motivation « , se plaint Allen. Selon Adèle, l’une des choses les plus importantes que les parents peuvent faire pour leurs enfants est de stimuler leur curiosité et de leur donner la chance de devenir bons à quelque chose qu’ils aiment, qu’ils soient doués ou non. Tout le monde pourrait être motivé et doué « , dit-elle, encouragée à juste titre.

Pourtant, ce message peut avoir du mal à trouver un écho dans le climat éducatif actuel, avec son élan incessant pour accumuler les acquis plus tôt et plus rapidement.

 

Se concentrer sur la motivation intrinsèque ne se produit pas parce que c’est un contraste complet avec ce que la société raconte aux enfants « , dit l’éducatrice Sheri Werner, directrice d’une école secondaire publique de l’ouest de Los Angeles. Werner croit que les éducateurs doivent établir des liens avec les enfants en leur enseignant d’une manière qui leur semble pertinente dans leur vie. Mais ses priorités l’amènent parfois à se heurter aux parents, surtout lorsque les enfants passent à des niveaux supérieurs.

Il y a beaucoup de crainte que si nous laissons les enfants apprendre ce qu’ils veulent apprendre, ils n’iront pas à l’université « , dit Werner. Elle a vu l’anxiété des parents s’intensifier au fil des ans à mesure que la concurrence s’intensifie dans les universités et sur le marché du travail. Mais elle pense que les écoles ne font pas de bien aux enfants lorsqu’elles les dissuadent d’explorer les sujets qui les intéressent naturellement, en les forçant à faire des calculs de PA. Quel message donnons-nous aux enfants? Tu n’as pas à souffrir de ton travail pour aller au week-end. Tu peux apprécier ce que tu fais dans la vie. »

Les Gottfried sont les incarnations vivantes de cette philosophie. Ils sont toujours passionnés par leurs recherches, impatients de débattre des paramètres de leurs dernières découvertes. mesure que les bébés de l’étude de Fullerton approchent de l’âge moyen, les paramètres sont passés de la tabulation des degrés et des moyennes pondérées à d’autres définitions plus subjectives de la réalisation, comme la satisfaction de vivre et les relations. Récemment, Allen a participé à la conception d’un sondage pour mesurer le succès personnel.

L’élément le plus important est très simplement la réalisation des objectifs que vous vous êtes fixés « , dit-il. « Ça va au-delà de l’éducation, ça va au-delà de l’argent, c’est votre succès personnel. » Ils ont également passé du temps à examiner le leadership, ce qui, comme on pouvait s’ y attendre, correspond à leur recherche sur la motivation intrinsèque. L’étude de Fullerton sur les enfants qui ont démontré des niveaux plus élevés de motivation intrinsèque à l’âge de neuf ans se sont montrés plus motivés à l’âge de 20 ans pour réussir leur vie.

Un regret apparaît lorsque les Gottfrieds s’adressent à un auditoire populaire. Ce sont des universitaires, pas des journalistes. Nous ne savons pas comment écrire pour le public « , admet Allen, rappelant les moments où les non-experts ont été déconcertés par les descriptions détaillées de l’analyse des variables latentes et des équations structurelles du métier de psychologue de recherche. « Ils nous ont dit qu’on avait perdu le public », accepta Adèle. Ils ont discuté avec des collègues lors de conférences universitaires sur les façons d’atteindre un plus grand nombre de praticiens et de parents. Mais peut-être que le reste d’entre nous avons besoin de les rencontrer à mi-chemin. Après tout, ils ont consacré toute leur vie adulte à la recherche. Maintenant, c’est à tout le monde d’écouter.

Comprendre le WISC 5 Wechsler Intelligence Scale for Children

Dans le monde de la psychologie, le WISC 5 est considéré comme le test le plus fiable pour analyser l’intelligence d’un enfant. Le test est le résultat de 70 années de recherches et d’améliorations à travers l’analyse de recherches sur le développement neuronal et cognitif, sur la psychologie, sur la technologie et les évolutions de la population (Wechsler, 2014)

The Wechsler Intelligence Scale for Children, cinquième édition (WISC-V):

Un des outils les plus utilisés pour mesurer l’intelligence d’enfants scolarisés est le WISC-5.

Les tests de QI portent sur 5 composants:

  • Compréhension verbale (VCI)
  • Aptitudes visuospatiales (VSI)
  • Raisonnement fluide(FRI)
  • La mémoire de travail (WMI)
  • Vitesse de traitement (PSI)

Analysés ensemble ils permettent une analyse profonde d’un quotient intellectuel.

Lorsqu’un écart important est constaté entre deux indices, des scores alternatifs peuvent être calculés pour mieux s’approcher des véritables aptitudes de l’enfant. Cela arrive en cas de déficit langagier, d’attention ou de motivation car cela peut affecter les performances de l’enfant. A travers l’analyse des résultats, un diagnostic peut être établit et les recommandations peuvent être proposées.

comprendre le wisc 5
comprendre le wisc 5

WISC-V Les scores analysés:

  • VCI: Le VCI mesure le raisonnement verbal, la compréhension, les concepts et la connaissance cristallisée de l’enfant, c’est à dire celle accumulée au cours de sa vie et de ses expériences.   Le coeur du subtest demande à l’enfant de définir des images ou des mots de vocabulaire, ou même des concepts. Un score faible à ce subtest peut signifier un déficit en vocabulaire ou un problème dans les apprentissages scolaires.

 

  • VSI:  Le VSI mesure le raisonnement non verbal,  évalue la compréhension d’un concept, la qualité de perception et de l’organisation visuelle, la coordination motrice/visuelle, la capacité à analyser et synthétiser une information abstraite. Ce subtest demande à l’enfant une utilisation de son intelligence spaciale pour construire une image géométrique pour, par exemple, compléter un modèle avec ou sans blocs. Un faible score pourrait présager de difficultés en mathématique à l’école.

 

  • FRI: Le FRI mesure la qualité de raisonnement, la capacité à classer et à se repérer dans l’espace, et  aussi la capacité à résoudre des problèmes indépendamment de ses connaissances.  Un enfant avec un faible indice de FRI pourrait présager des difficultés à comprendre les relations entre les concepts, à résoudre  un problème après que son contenu a changé, ou si la question est exprimée différemment par rapport à la façon dont l’enfant l’a apprise.

 

  • WMI: Le WMI évalue la concentration, la capacité d’écoute, le contrôle de soi de l’enfant. Par exemple l’enfant doit répéter une série de nombres lus par l’évaluateur, mémoriser des images présentées auparavant. Un faible score présagera de difficulté d’apprentissage et plus de répétitions pour les les enregistrer. Ils auront besoin de plus de temps pour assimiler des informations.

 

  • PSI: Le PSI estime la rapidité et la précision d’assimilation d’une information par un enfant. Il est demandé à l’enfant de s’engager dans une tâche demandant une coordination motrice, une analyse visuelle, dans un espace de temps réduit. Il est recommandé pour les enfants ayant un faible PSI de privilégier la qualité à la quantité, et des tâches plus courtes aux longues.

Où trouver le test wisc 4 pour enfant en ligne?

Le test de QI Wisc 4 est sans doute l’examen le plus connu pour les enfants

Le Wechsler intelligence scale for children est une marque déposée par la société Pearson. C’est donc avant tout un produit destiné à être vendu à des psychologues.

Ce test est destiné aux enfants âgés entre 6 et 16 ans et 11 mois

Le prix de ce produit est d’environ 1400 euros.

Evolution par rapport au WISC-III

analyse du wisc 4Le WISC-3 a permis d’en apprendre beaucoup sur les déficits d’attention et autres handicaps. Le WISC-IV fait d’énormes progrès pour mieux mesurer l’intelligence des enfants. Il fournit non seulement un score de QI mais aussi des informations essentielles sur le fonctionnement cognitif de l’enfant.

Voici les points qui ont été amélioré:

  • Amélioration du raisonnement en calcul, en mémoire et sur la vitesse de raisonnement
  • Réduction du bonus lié au temps mis pour effectué le test
  • Mise à jour de la base (2000 personnes testées)
  • Des éléments obsolètes ont été supprimé
  • Ajout d’un chapitre sur l’interprétation
  • L’assemblage d’objets et d’images ont été supprimé
  • L’étude de mots, de puzzle, de mathématiques ont été ajouté en sous-tests.
  • Ajout de test sur le raisonnement verbal.
  • Ajout d’une matrice pour mesurer la fluidité de raisonnement

Pourquoi le WISC-IV est valide

  • Ce nouveau WISC a été testé sur 2200 enfants âgés entre 6 et 16 ans et 11 mois. 200 enfants ont été sélectionné par tranche d’âge (11 au total). L’échantillon a été choisi en fonction de l’âge, du sexe, de l’éducation des parents, de la région et de l’origine ethnique.

Le test en ligne grâce au Q-Interactive

Le Q-interactive est un outil en ligne que des psychologues peuvent utiliser pour les aider à faire passer le test WISC-IV. Il a été développé par la même société.

La solution a été élaborée en 2013. Le psychologue peut créer des profils et choisir les tests. Les scores sont disponibles via le logiciel.

Cet examen en ligne nécessite l’acquisition de deux tablettes du type I-PAD, une pour l’enfant et une pour le psychologue. Les deux tablettes sont connectées via la technologie Bluetooth.

Le moi de mai 2016 est terminé, quelques stats des tests cognitifs

Quoi de neuf sur TestQIOfficiel?

Ce mois de MAI 2016 nous a apporté quelques précieuses informations sur les capacités cognitives des populations nationales.

L’euro de football 2016 approche à grand pas, nos équipes se sont amusées à calculer le QI Moyen concernant les principales nations de football.

Comparatif des résultats aux tests cognitifs des nations de football:

QI moyen équipe de foot

La nation ayant le plus haut score à notre test cognitif durant le mois de MAI 2016 est la Suisse. Il est peu probable que cela l’aide à remporter l’euro 2016.

En revanche, chose plus intéressante et remarquable est le très bon classement de la nation championne du monde en titre: l’Allemagne. L’Allemagne se classe effectivement deuxième du classement suivie de près par la Belgique avec un score de 109,82.

La France est loin derrière avec un score QI de 101,96

  1. Score cognitif moyen en Suisse 111,22
  2. Score cognitif moyen en Allemagne 110,61
  3. Score cognitif moyen en Belgique 109,82
  4. Score cognitif moyen en Espagne 106,68
  5. Score cognitif moyen en France 101,96

Il est inutile de préciser qu’il n’y a pas besoin de passer par la Mensa pour gagner des titres et des coupes dans des tournois de football. Mais qui sait?

Il sera intéressant de confronter les résultats réels de l’euro 2016 avec ces quelques statistiques que nous avons produites uniquement pour l’occasion.

Alors une finale Allemagne-Belgique ?

Bon euro 2016 à toutes et à tous !

L’équipe TestQIOfficiel.com